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La Danse Libre de Malkovsky à
NICE |
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Les journées DUNCAN ont été organisées par " Sillages " en tant que projet de développement de la danse contemporaine à Nice à l'initiative des associations Terrain Vague et Evidanse en partenariat avec le Centre de Formation Off Jazz, la section danse de l'Université de Nice et le département danse du CRR de Nice. La richesse des changes tout au long des journées Duncan est indéniable. Si le concept de "danse libre" est attaché à Isadora Duncan, la danse libre a inspiré de nombreux artistes comme en témoignaient les documents filmés. Une esthétique identifiable par le répertoire musical et la tenue vestimentaire, qui dans sa pluralité de personnalités a préservé une esthétique discernable dans les qualités toniques, les transferts, les formes fluides, la musicalité et les images ou sentiments évoqués. La
proposition faite aux étudiants de suivre trois
master classes autour d'Isadora et de la danse libre
était une magnifique opportunité pour eux. Mes objectifs pour chaque groupe s'articulaient autour de la mouvance de l'équilibre, toujours en état de transition. La motivation des transitions est émotionnelle, organique, physique. Elles obéissent aux connexions fondamentales, aux compensations d'équilibration, à la gravité, elles répondent à la respiration, au regard, aux variations toniques, aux images, à la musique, deviennent élan et rebond, suspension et abandon, visualisation de la musique, émotion. J'emprunte
aux fondamentaux de Laban-Bartenieff la préparation
du corps à la disponibilité de cette danse
douce. L'écoute et les adaptations des étudiants ont révélé leur curiosité, attention et concentration, ce qui fut un retour gratifiant. Et peut-être en garderont-ils le souvenir d'une danse intemporelle. La journée d'étude a confirmé la diversité issue de la même source reconnaissable. La mémoire d'Isadora n'est pas uniquement dans la restitution à des formes et des pas, mais dans la qualité de la plastique, dans la musicalité corporelle, dans l'exigence d'une esthétique dans la transmission entre danseuses. Dans ma présentation, j'ai évoqué mon trajet sur une période de 50 ans, de l'imprégnation jusqu'à la capacité d'analyse pour enseigner et transmettre une danse à des danseurs actuels avec son esthétique d'autrefois dans un langage d'aujourd'hui. Les performances chorégraphiques présentées par des étudiants lors de la journée d'ouverture dans les jardins du Musée, ont éveillé le regard pour y détecter l'ombre d'Isadora Duncan à travers des interstices laissant surgir un geste, une qualité évoquant son art. Les prestations autour du "Baiser" de Rodin mettaient en lumière la persistance invisible de la spirale, schème basique, support de la beauté et de la vérité du mouvement, tout comme pour Malkovsky. Suzanne Bodak Réflexions et questions. Les journées Duncan à Nice furent 8 jours de réflexion et d'échanges autour d'une danse du début du siècle et du thème de la transmission. Quand devient-on "passeur"? Quel chemin faut-il avoir parcouru pour le devenir, quelle distanciation doit-on avoir acquise ? Que transmettre, quelle matière sensible pour des corps d'aujourd'hui ? Comment transmettre une esthétique d'hier à des corps d'aujourd'hui ? Les 6 master classes que j'ai données ont fait découvrir Malkovsky, sa technique, sa danse, la filiation avec Isadora. Le public n'était composé que d'étudiants en danse et de professionnels. Sans le travail de déconstruction et d'analyse que j'ai mené à propos de la danse de Malkovsky, sans pour autant lui enlever sa poésie et sa philosophie, je n'aurais pas été à la hauteur de cette sollicitation. Ce fut un beau succès et une belle reconnaissance. Toutes les discussions et démonstrations menées par des chercheurs et historiens m'ont conforté dans ma démarche de transmission auprès de danseurs, que le premier DVD illustre très bien. Il faut accepter que l'identique est impossible tout en étant au plus proche de la technique et de l'écriture de la danse. Si Nadia Chilkovsky n'avait noté une cinquantaine exercices et une centaine de danses reçues par transmission, ces trésors se perdraient, avec le passage des générations. Ce
qui sauve le patrimoine d'Isadora Duncan, c'est une
transmission entre artistes, créateurs, danseurs,
depuis les Isadorables jusqu'à aujourd'hui et entre
professionnels aptes à reconstruire à partir
des partitions. La formation artistique est exigente en raison de la simplicité de la danse , elle demande du temps. Dans
le cadre des week-ends de Mouvement-Musique, trois danseurs
professionnels viennent s'initier à cette danse. |
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