La Danse Libre de Malkovsky

à NICE

Journées DUNCAN
28 mars au 4 avril 2009

par Suzanne Bodak, élève directe de Malkovsky

Les journées DUNCAN ont été organisées par " Sillages " en tant que projet de développement de la danse contemporaine à Nice à l'initiative des associations Terrain Vague et Evidanse en partenariat avec le Centre de Formation Off Jazz, la section danse de l'Université de Nice et le département danse du CRR de Nice.  

 Compte-rendu des journées DUNCAN et de mes interventions dans les master classes

La richesse des changes tout au long des journées Duncan est indéniable.

Si le concept de "danse libre" est attaché à Isadora Duncan, la danse libre a inspiré de nombreux artistes comme en témoignaient les documents filmés.

Une esthétique identifiable par le répertoire musical et la tenue vestimentaire, qui dans sa pluralité de personnalités a préservé une esthétique discernable dans les qualités toniques, les transferts, les formes fluides, la musicalité et les images ou sentiments évoqués.

La proposition faite aux étudiants de suivre trois master classes autour d'Isadora et de la danse libre était une magnifique opportunité pour eux.
Au-delà d'une expérience de danse historique, ces 9 h de cours permettaient de ressentir son corps autrement, d'explorer des zones non sollicitées habituellement, de s'exprimer avec un autre langage.

Mes objectifs pour chaque groupe s'articulaient autour de la mouvance de l'équilibre, toujours en état de transition. La motivation des transitions est émotionnelle, organique, physique. Elles obéissent aux connexions fondamentales, aux compensations d'équilibration, à la gravité, elles répondent à la respiration, au regard, aux variations toniques, aux images, à la musique, deviennent élan et rebond, suspension et abandon, visualisation de la musique, émotion.

J'emprunte aux fondamentaux de Laban-Bartenieff la préparation du corps à la disponibilité de cette danse douce.
Avec quelques exercices du répertoire de Malkovsky : marche ou course avec moulinets, oiseau, sautillés avec balancés, jeu de balle, j'ai voulu faire expérimenter la logique des mouvements, leur rythme interne et le rapport à la musique.
Avec l'improvisation aux rubans, c'est la totalité "corps -esprit" en anticipation continuelle qui favorise l'entrée en danse.
Avec l'étude d'une chorégraphie, la filiation spirituelle entre Malkovsky, Isadora et Raymond Duncan se laisse percevoir. Mon choix s'est fixé sur deux danses transmises de génération en génération et dansées par les trois danseuses Isadoriennes présentes ; l'une ayant un motif gestuel similaire avec la valse N° 15 de Brahms (Pétales de fleurs pour Isadora, Pensée Constante pour Malkovsky) et l'autre sur la même musique du 7e prélude de Chopin, mais d'expression totalement différente.

L'écoute et les adaptations des étudiants ont révélé leur curiosité, attention et concentration, ce qui fut un retour gratifiant. Et peut-être en garderont-ils le souvenir d'une danse intemporelle.

La journée d'étude a confirmé la diversité issue de la même source reconnaissable. La mémoire d'Isadora n'est pas uniquement dans la restitution à des formes et des pas, mais dans la qualité de la plastique, dans la musicalité corporelle, dans l'exigence d'une esthétique dans la transmission entre danseuses.

Dans ma présentation, j'ai évoqué mon trajet sur une période de 50 ans, de l'imprégnation jusqu'à la capacité d'analyse pour enseigner et transmettre une danse à des danseurs actuels avec son esthétique d'autrefois dans un langage d'aujourd'hui.

Les performances chorégraphiques présentées par des étudiants lors de la journée d'ouverture dans les jardins du Musée, ont éveillé le regard pour y détecter l'ombre d'Isadora Duncan à travers des interstices laissant surgir un geste, une qualité évoquant son art. Les prestations autour du "Baiser" de Rodin mettaient en lumière la persistance invisible de la spirale, schème basique, support de la beauté et de la vérité du mouvement, tout comme pour Malkovsky.

Suzanne Bodak 

Réflexions et questions.

Les journées Duncan à Nice furent 8 jours de réflexion et d'échanges autour d'une danse du début du siècle et du thème de la transmission.

Quand devient-on "passeur"?

Quel chemin faut-il avoir parcouru pour le devenir, quelle distanciation doit-on avoir acquise ?

Que transmettre, quelle matière sensible pour des corps d'aujourd'hui ?

Comment transmettre une esthétique d'hier à des corps d'aujourd'hui ?

Les 6 master classes que j'ai données ont fait découvrir Malkovsky, sa technique, sa danse, la filiation avec Isadora. Le public n'était composé que d'étudiants en danse et de professionnels. Sans le travail de déconstruction et d'analyse que j'ai mené à propos de la danse de Malkovsky, sans pour autant lui enlever sa poésie et sa philosophie, je n'aurais pas été à la hauteur de cette sollicitation. Ce fut un beau succès et une belle reconnaissance.

Toutes les discussions et démonstrations menées par des chercheurs et historiens m'ont conforté dans ma démarche de transmission auprès de danseurs, que le premier DVD illustre très bien. Il faut accepter que l'identique est impossible tout en étant au plus proche de la technique et de l'écriture de la danse.

Si Nadia Chilkovsky n'avait noté une cinquantaine exercices et une centaine de danses reçues par transmission, ces trésors se perdraient, avec le passage des générations.

Ce qui sauve le patrimoine d'Isadora Duncan, c'est une transmission entre artistes, créateurs, danseurs, depuis les Isadorables jusqu'à aujourd'hui et entre professionnels aptes à reconstruire à partir des partitions.
Avec Mouvement-Musique, Suzanne Bodak œuvre à la transmission du répertoire auprès de danseurs.

La formation artistique est exigente en raison de la simplicité de la danse , elle demande du temps.

Dans le cadre des week-ends de Mouvement-Musique, trois danseurs professionnels viennent s'initier à cette danse.
Leur professionnalisme leur permet de travailler, avec Suzanne Bodak, dans des studios de la Ménagerie de Verre à Paris : François Chaignaud, Cécilia Bengoléa et Elie Hay. Au Centre Chorégraphique de Rennes, Musée de la Danse , elle commence un travail de transmission auprès de Fabrice Dasse, danseur dans la Compagnie de Catherine Diverès.

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